En ce début de septembre 2024, le marché immobilier nord-américain affiche des signaux contrastés, ce qui conduit à un optimisme prudent. Si certains indicateurs montrent des signes de stabilisation après une période marquée par des incertitudes économiques, l’avenir demeure incertain, et les experts sont partagés sur les perspectives futures.
Canada : une relance du marché immobilier ?
La Baisse des taux hypothécaires
Depuis l’été 2024, le Canada a observé une baisse modérée des taux hypothécaires, notamment pour les prêts à taux fixe sur 5 ans, qui ont chuté à environ 4,29 %. Cette diminution, encouragée par la baisse des rendements obligataires, pourrait potentiellement relancer l’activité sur le marché immobilier. Cependant, cette baisse des taux ne doit pas occulter les autres défis importants auxquels le marché est confronté, notamment l’inflation persistante, la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction, et une offre de logements toujours insuffisante pour répondre à la demande croissante due à l’immigration.
Impact sur les acheteurs et les investisseurs
La réduction des coûts de financement pourrait améliorer le pouvoir d’achat des consommateurs, ce qui pourrait encourager davantage d’achats de propriétés. De même, les investisseurs, attirés par des conditions de financement plus favorables, pourraient revenir sur le marché, notamment dans les grandes villes. Cependant, cet optimisme est tempéré par des préoccupations persistantes concernant le niveau élevé d’endettement des ménages et la possibilité de nouvelles difficultés économiques. Toutes les branches du marché ne bénéficieront pas également de cette situation, et l’impact global reste incertain.
Perspectives pour les mois venir
Malgré des perspectives de reprise, le marché immobilier canadien reste confronté à des défis majeurs. L’inflation persistante, la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction, et une volatilité des sentiments des investisseurs continuent de poser des risques importants. Bien que certains économistes anticipent une réduction du taux directeur par la Banque du Canada à environ 4,00 % d’ici la fin de l’année, les effets de cette baisse pourraient ne pas se faire sentir immédiatement. Plusieurs experts estiment que la stabilisation réelle du marché pourrait n’intervenir qu’en 2025, lorsque les effets combinés de la baisse des taux et de la résolution progressive des contraintes d’offre commenceront à se manifester pleinement.
États-Unis : des signes positifs et défis à venir
Stabilisation des taux d’intérêt
Aux États-Unis, les taux hypothécaires fixes sur 30 ans se maintiennent autour de 7 %, mais des signes de stabilisation sont perceptibles. Selon les experts, les taux pourraient baisser légèrement vers la fin de 2024, avec des prévisions de descente à environ 6,3 %. Cette baisse pourrait offrir un certain répit aux acheteurs, bien que les prix des maisons restent élevés, avec une hausse annuelle de 6,1 % attendue d’ici la fin de l’année. Cependant, ce scénario n’est pas garanti. La réaction du marché à ces taux, surtout face à la possibilité d’une récession économique, pourrait entraîner une volatilité continue.
Rumeurs de récession
Les rumeurs d’une crise économique imminente se fondent sur des indicateurs économiques préoccupants. La volatilité des marchés financiers, alimentée par des données économiques décevantes, a intensifié les craintes d’une récession. Bien que les rendements obligataires aient chuté, entraînant une baisse des taux hypothécaires fixes, la dynamique sous-jacente reste fragile. Si les conditions économiques se détériorent, le marché immobilier pourrait faire face à des défis majeurs.
Comparaison avec le Canada
Contrairement au Canada, où les hypothèques sont souvent renouvelées tous les cinq ans, les emprunteurs américains bénéficient généralement de taux fixes à long terme. Cela offre une certaine protection contre la hausse des taux, mais limite aussi la flexibilité du marché immobilier américain. Certains experts suggèrent que le marché canadien pourrait s’ajuster plus rapidement aux conditions économiques changeantes que son homologue américain. Cependant, cela reste spéculatif, et les deux marchés font face à des incertitudes considérables.
La situation internationale des marchés immobiliers en 2024
Améliorations en Europe
En Europe, plusieurs marchés immobiliers montrent des signes d’amélioration. Par exemple, les prix des logements en Allemagne, particulièrement à Berlin, commencent à se stabiliser après une période de volatilité. De même, des villes comme Paris et Madrid ont vu une légère augmentation des transactions immobilières, soutenue par une demande accrue et des taux d’intérêt plus stables.
Reprises en Asie-Pacifique
Dans la région Asie-Pacifique, l’Australie et le Japon continuent de montrer des signes de reprise, en particulier grâce à une augmentation des investissements transfrontaliers. Les villes comme Sydney et Tokyo bénéficient d’une forte demande pour des propriétés résidentielles et commerciales de qualité, malgré des conditions économiques mondiales incertaines.
Moyen-Orient : une croissance fulgurante à Dubaï et en Arabie Saoudite
Le Moyen-Orient, notamment Dubaï et l’Arabie Saoudite, connaît une expansion rapide dans le secteur immobilier. Cette croissance est principalement due à des investissements massifs de la part des riches investisseurs régionaux, cherchant à diversifier leurs actifs face aux incertitudes liées aux marchés pétroliers. Dubaï, avec son marché immobilier de luxe, et l’Arabie Saoudite, avec ses projets urbains ambitieux comme Neom, continuent d’attirer des investissements mondiaux importants, renforçant leur position sur la scène internationale. Cependant, la durabilité de cette croissance est mise en question, compte tenu des incertitudes économiques plus larges et de la dépendance de la région à un marché pétrolier volatil.
Conclusion : qu’attendre de l’année à venir ?
À l’échelle mondiale, le marché immobilier traverse une période d’ajustement complexe. Bien que certaines régions, comme le Moyen-Orient et certaines villes européennes, montrent des signes de croissance et de stabilisation, d’autres, notamment en Amérique du Nord, font face à des défis persistants. Les marchés du Canada et des États-Unis, malgré quelques indicateurs positifs, restent vulnérables à l’inflation, à la pénurie de logements, et à l’incertitude économique générale. Les prochaines années seront cruciales pour déterminer si les marchés immobiliers mondiaux peuvent s’adapter aux nouvelles réalités économiques ou s’ils devront affronter des turbulences supplémentaires. Les décisions politiques et économiques à venir joueront un rôle clé dans cette évolution.
Auteur : Marc Olivier Therrien
Sources:
- Global News: Market volatility could drive some mortgage rates lower.
- Real Estate Magazine: Year-in-review and what lies ahead for Canadian real estate in 2024
- Nesto.ca: Canadian Housing Market Outlook 2024
- MoveSmartly: Canadian Mortgage and Real-Estate Predictions for 2024
- Mortgage News Canada: 2024 housing market and interest rate forecasts
- JLL: Our Global Real Estate Outlook in Summary
- JLL: Market activity set to strengthen despite varied economic performance
- Knight Frank: Asia-Pacific real estate: A diverse landscape of opportunities in 2024
- GrantThornton: 2024 Real estate market summary: seeking optimism in uncertainty
- Equiton: Understanding Key Challenges Impacting Real Estate in 2024
- Norada: Housing Market Trends and Predictions for Autumn 2024
- National Association of Realtors: Housing Market Predictions: Six Experts Weigh In On The Real Estate Outlook In 2024 –USA Today